Sceau MAO Feili Toit du temple de Conficius
毛飞利
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chinois



 
               

 
Impressions de France
La France aux yeux d'un diplomate chinois

Je suis impressionné par le fait que les diplomates français, après avoir été envoyé en Chine, aiment prendre la plume pour écrire quelques livres pour permettre au public de mieux comprendre la Chine. A leur tour de nombreux diplomates chinois commencent à écrire des ouvrages. C'est sans trop savoir de quoi il en retournait que j'ai suivi cette mode. Mais c'est seulement quand j'eu fini par poser la plume que je me senti soulagé. Comme si j'avait oté de ma gorge une arête.
J'espère sincèrement que les jeunes qui s'intéressent à l'amitié franco-chinoise soient le plus nombreux possible, et qu'ils soient le plus possible engagés dans d'échange entre la France et la Chine. J'espère que de nombreux amis participeront à ce dialogue culturel dont nous charge notre époque. Car là n'est pas seulement la cause la plus enviée de tous de par le monde.  Mais c'est aussi une tâche qui nécessitera plusieurs générations. Je voudrais encourager par ce livre tous les amis qui adorent les débats de culture. J'offre ce livre aux jeunes dont l'ambition sera de devenir des citoyens du monde.

XU Bo
Impressions de France
Chapitre 5 (extraits)
Les insondables gaps culturels entre la France et la Chine

Les Français aiment les activités sociales. Ils excellent dans l’art des relations sociales. Ils adorent discuter. Sur ce point ils sont très proches de nous, les Chinois. Nous appelons cela kandashan, “tailler la bavette”. Où que ce soit, les gens bavardent et se répandent tels les nuées qui couvrent les montagnes. Les sujets ? La nourriture, la culture, la politique internationale. Les Français aiment s’inquiéter de tout comme de vieilles personnes. Il n’y a pas de recoin du monde qui ne les préoccupe. Ils parlent avec fougue. Mais il y a quelque chose de ce que nous, les Pékinois, appelons « parler pour ne rien dire ». Dans les contacts sociaux avec les Français, nos compatriotes chinois ne sont pas toujours très à l’aise. La barrière de la langue, les sujets de conversation peu consensuels en sont des raisons importantes. Mais plus important encore est le fossé culturel. Le vieux maître Confucius disait que « l’honnête homme est lent à la parole (et prompt à l’action) », illustrant la mise en garde que « le malheur vient de la parole ». Les Français aiment parler devant tout le monde. Lors d’une réunion internationale, il suffit qu’il y ait un Français, et il veut la parole, laissant les autres muets de crainte. En outre, nos compatriotes en général ne posent pas de questions. Ils préfèrent les poser à la pause thé. Je pense que là réside le fossé culturel.

Le collectivisme chinois face à l’individualisme français.

Pour plusieurs raisons liées au contexte culturel, la situation du pays, le système de management, les Chinois s’appuient sur un système collectif, et les Français sur un système individuel. Beaucoup d’amis chinois me disent que la France est le pays le plus individualiste au monde. La plus profonde impression laissée quand on arrive en France, c’est d’être tombé dans un immense océan d’individualisme.

Les Français se font valoir sur le plan de la culture. Ils recherchent l’épanouissement personnel. Chacun se prétend le disciple de Descartes, « je pense donc je suis ». De ce fait, l’individualité occupe une place très importante dans la culture française. Un manque d’individualisme fait perdre toute leur valeur aux individus ou aux choses. L’exemple le plus typique est l’architecture française. A chaque quartier son style. Flânez dans les rues de Paris, et vous ne verrez pas deux bâtiments qui se ressemblent. Dans cette culture qui affermit l’individualisme, il est difficile de concevoir une pensée unique. Dans une situation de communication avec des Français, et tout particulièrement lors d’un cours donné à des étudiants, vous devez faire admettre votre point de vue par les camarades français. La meilleure méthode est de les contredire dans un premier temps. Ensuite revenez sur votre point de vue. En France, les gens aiment polémiquer. Ils apprécient l’originalité. Les débats télévisés ou au parlement virent souvent à la querelle. Même à la maison, les querelles d’opinion sont le pain quotidien. Quand je dois rendre visite à des amis, il suffit que des invités lancent un sujet pour qu’éclate un vif débat. Chacun exprime son opinion. On ne se laisse plus parler et les visages s’empourprent jusqu’aux oreilles. Ces polémiques peuvent éclater autant entre les invités qu’avec l’hôte de maison. Aux yeux des Chinois, ces joutes sont totalement absurdes. En Chine, ce déchaînement de violence aurait certainement une incidence sur les relations futures entre les gens. Guidé par mon instinct chinois, avec un besoin d’unité révolutionnaire, je m’empresserais pour m’interposer et rechercher le consensus (doctrine du juste milieu). Cependant, quelques soient les invités, la qualité de la soirée dépend des sujets abordés, et surtout des polémiques engagées. Plusieurs années après, si les amis se souviendront de la discussion, personne ne se souviendra de mes propos vides et creux…

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