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L'art
du errenzhuan
- Les origines du errenzhuan
- De l'ère moderne
jusqu'à nos jours
- Le déroulement d'un
spectacle
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Les origines du errenzhuan |
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Le errenzhuan
est aussi
appelé bengbeng
« rebonds ». Il est
très populaire au sein du public
du Nord-est de la Chine et tout particulièrement le public
rural. Riche d’une
histoire de presque 300 ans, il a toute la saveur et la couleur locale
des arts
traditionnels de représentations (quyi).
La langue de ses chants est
populaire et facile à comprendre. Son humour spirituel
véhicule les senteurs de
la vie. Le errenzhuan des premiers temps se
caractérisait par des
chansonnettes du folklore du Nord-est, chantées le soir par
les artistes qui
s’étaient illustrés le jour dans la
danse du yangge (chant des semis).
On l’appelait alors le « petit
yangge ». Par la suite, grâce à
l’accroissement
de la population et aux échanges culturels
géographiques il a considérablement
enrichi son contenu. Il a assimilé progressivement toutes
sortes de formes
artistiques telles : lianhualao, dongbei
dagu, le bangzi
de la province du Hebei. C’est pourquoi les jeux de
scène et la partition
musicale qu’il adopte aujourd’hui sont
très riches et variés. On perçoit sa
popularité dans la vieille expression :
« Mieux
vaut encore rater un
repas qu’un errenzhuan ! »
Ning
she yi dun fan, bushe
errenzhuan ! |
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De l'ère moderne
jusqu'à nos jours |
Du
fait de
l’agitation sociale et
de l’état de guerre qui régnait
à la fin de la dynastie des Qing, les documents
écrits mentionnant le errenzhuan sont
rares. Des écrits, datant de la 2ème
année du règne de l’empereur Daoguang
(1822) dans le district de Huaide de la
province du Jilin rapportent que lors de réunions tenues au
temple Puji on a
assisté à des spectacles de bengbeng. A
l’époque Mandchoue un certain
puritanisme régnait, et les femmes ne pouvaient pas monter
sur scène. Les
personnages féminins étaient tous
joués par des hommes déguisés et
maquillés.
L’appellation
de « errenzhuan »
ne s’est répandue qu’après la
proclamation de la République Populaire de Chine
(1er octobre 1949). Un peu partout des troupes
furent fondées. En
1955 les femmes commencèrent progressivement à
interpréter des rôles. Hommes et
femmes ont alors commencé à se donner la
réplique en affinant les techniques
d’élocution et de chant. Dans les
années soixante ce genre de représentation
gagna rapidement du terrain. Le travail de mise en scène fut
alors renforcé, le
répertoire élargi, l’accompagnement
musical enrichi, les costumes
perfectionnés, la chorégraphie
améliorée et les différents
accessoires
modifiés. |
Pour ce qui est du
fond, on a
tenté
de garder le meilleur du répertoire classique en
éliminant les passages
vulgaires et grossiers. On a cherché à se
rapprocher de la tradition, pour des
représentations pleines de tact et de sens de
l’humour. La partition musicale
parvînt à surmonter la tendance à la
monotonie. Le spectacle se montre
aujourd’hui alors très exigent du point
de vue esthétique et humoristique
dans les cinq domaines :
Chant, danse,
gags, maquillage,
séduction.
Il se
veut dès lors à la portée de tout le
monde.
C’est
en ce début de siècle, dans la ville de
Tiefeng (province du Liaoning) que l’acteur de la troupe
artistique populaire
de errenzhuan, Zhao Benshan, pris la
résolution de faire rayonner le
genre, typique de la région du Nord-est afin de lui donner
toutes ses lettres
de noblesse. En 2001, la troupe de Zhao Benshan à
l’occasion d’un concours,
donna un regain d’énergie au errenzhuan
du début de ce siècle.
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Le déroulement
d'un spectacle |
Le
but
d’une
représentation est de chanter une histoire. Le
thème s’inspire presque toujours
des mythes ou des grands classiques de la littérature
populaire :
« Le Pavillon de
l’ouest » (Xixiangji),
« Le Pont aux
indigotiers » (Lanqiao),
« Répandre l’eau devant le
cheval » (Maqianposhui),
certaines aventures du personnage Zhu
bajie (le cochon aux huit interdits) ou du juge Bao, etc. Souvent
l’histoire
est contée partiellement, le spectacle d’un duo ne
durant que de 45 minutes à
une heure. Avant de rentrer dans le vif du sujet, les deux
comédiens se lancent
dans un tour de chauffe pour gagner l’adhésion du
public. Chants populaires,
danses, acrobaties, farces et pitreries, facéties, tout est
mis en œuvre pour
mettre l’ambiance grâce à un long
préambule. Il est fréquent que
l’histoire ne
soit chantée qu’en 20 minutes de chant final.
Le
canevas théorique ci-dessous est
généralement adopté : |
L'ouverture
: Datong (打通)
Le
Datong est
un prélude bruyant de 10 à 15 minutes.
Le clown intervient immanquablement pour un long monologue. Puis il se
met à
chanter seul, tout en utilisant habilement les cliquettes en bois.
Parfois il
commet des pitreries, et descend dans le public.
Lors du
Spectacle de la troupe de Liu Laogen (liulaogendawutai
刘
老根大舞台)
du 18 décembre 2003, à Harbin, quatre
spectacles s’enchaînent. A chaque fois le clown choujue
(丑角) intervient
seul comme s’il suivait un rituel
immuable. Il ne fait que se présenter tout en ponctuant son
discours de
plaisanteries et mimiques. Untel semble faire des entrechats, tournoyer
sur
lui-même, lever la jambe avec grâce
(jusqu’au moment ou le clown en question
lance « si je lève la jambe ainsi,
c’est parce que j’ai trop mangé de
viande de chien ! » Parfois le clown entre
en scène et ne cesse de
tourner sur lui-même, comme
hébété. Il joue l’idiot, il
campe son personnage.
La présentation étant faite, le moment de chanter
est venu. Le premier contact
avec l’orchestre intervient. Il se peut fort bien
qu’aucun échange n’ait lieu.
Mais il se peut aussi que quelques réparties viennent animer
la scène. C’est
souvent le moment propice pour exercer ses talents dans le maniement
des
cliquettes de bois dites shouyuzi (手
玉子).
Dans ce cas la chanson sera plutôt une
diction s’apparentant au rap moderne actuel.
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Entrée en
scène de la partenaire : Sanchangwu (三场舞) :
Le
clown
attire sa partenaire sur scène. Les deux
comédiens dansent alors les « trois
danses ».
L’appel
de la partenaire se fait d’une manière
explicite. L’entrée en scène de cette
dernière est l’occasion pour tout un
chacun dans le public de la détailler. Le clown ne se prive
alors pas de dire
tout haut ce que peut-être chacun pense tout bas. Quelques
oeillades, quelques
mimiques et parfois une petite scène pour faire valoir la
silhouette de la
partenaire. Ce passage est plus ou moins grivois. Des chants sont
ensuite
entonnés. Ils sont ponctués
d’acrobaties ou airs de musique au saxophone selon
les savoir-faire des comédiens. Dans la plupart des cas, un
numéro de mouchoirs
tournant (shoujuan) est effectué.
Les poèmes
: Hanshitou (喊
诗头)
ou
changshitou (唱
诗头)
C’est
une étape de retour au calme
dans le public.
Après
les « trois danses », la
partenaire
s’éclipse. Le clown domine la situation et entonne
les poèmes qui sont là pour
permettre de retrouver un certain calme dans le public.
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Le
sommaire : Shuokou (说
口)
Le shuokou
est la
présentation de l’histoire. La partenaire (shangzhuang)
revient sur
scène, mais c’est l’acteur (xiazhuang)
qui mène le jeu et l’acteur
(aujourd’hui actrice) shangzhuang donne
la réplique.
Cette
partie peut se diviser en trois
allocutions : |
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Lingkou (零口) Cette
allocution est la plus informelle dans ses
propos et se manifeste dans un parler des plus argotique.
L’improvisation est
de rigueur et peut être inspirée par la
localité où se joue le spectacle, et
aussi la qualité du public présent. Cette
allocution est aussi appelée geda
kou, « propos
rugueux ». Le but est de donner le contexte de
l’histoire et annoncer les personnages en prenant
parti : louer les
gentils, insulter les méchants, fixer le décor,
etc. en bref on cherche à
donner de la consistance à l’histoire.
Dingkou (定口) Cette
allocution est étroitement liée à
l’intrigue de la pièce. Les
péripéties sont aussi mentionnées
ainsi que les
dialogues des personnages. Les personnages sont décrits.
Cette allocution est
chantée à l’unisson.
Taokou (套口) La
troisième allocution concerne davantage les
histoires et plaisanteries populaires liées à
l’histoire. Il n’est pas rare que
le xiazhuang produise des histoires de son propre
cru. Ce qui est
primordial c’est de chauffer le public pour
générer une ambiance chaleureuse.
La partenaire a dans cette partie tout loisir de se reposer. Cette
allocution
est parfois appelée gushi kou, les
« propos sur
l’histoire ».
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Changxiaomao (唱小帽)
Le
ton de l’histoire est donné grâce
à quelques
chants populaires entonnés.
Changzhengwen (唱正文)
Les
comédiens déroulent l’histoire
chantée. |
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